LES FINANCES 267
üons, se fiant à l'équité du nouveau gouvernement,
lui adressèrent coup sur coup réclamation sur récla-
mation. Pris de pitié pour ses sujets, ravi d’avoir une
Si belle occasion d’étonner, Néron conçut alors l’ex-
laordinaire projet d’abolir les vectigalia dans tout
l'Empire. Il était prèt à anéantir d’un trait de plume
loutes les sociétés fermières! Cet élan de philan-
thropie ne doit pas surprendre de la part de l'élève de
Sénèque. Les éloquentes prédications du philosophe
lui avaient tourné l'esprit : il prononçait souvent des
paroles étudiées, respirant la bonté, la bonne foi, la
justice, et destinées à faire pleurer le genre humain
de joie et de reconnaissance. Cette fois, la parole
allait être suivie d’un acte. L'idée n’était pas absolu-
ment neuve : en 60 avant J.-C., une loi Cæcilia avait
déjà exonéré de tous droits de douane les contribua-
bles d'Italie‘. Mais cela n'avait pas duré, et d’ail-
leurs il ne s'agissait plus de créer pour certains
Contribuables une situation de faveur, mais bien
d’une abolition générale pour le monde romain: tout
entier.
Décréter que toute marchandise passerait les fron-
üières sans frais, que les objets de consommation ne
Päieraient rien à leur entrée dans les ports et circu-
leraient librement d’un bout à l’autre de l'Empire,
C'était assurément faire au monde, selon l’expres-
Sion de Tacite, le plus magnifique des présents ; c'était
mériter avec éclat le nom de bienfaiteur de l’huma-
nilé. Mais c'était acheter cette gloire fort cher. (était
d’abord s’aliéner de propos délibéré l'ordre équestre,
auque] appartenaient la plupart des publicains, et
! Dion, XXXVII, 51: Cicéron, Ad Atk., LE, xyr, 1.