278 LE MINISTÈRE DE SÉNÈQUE
in résumé, les diverses mesures financières prises
à l'époque de l’influence de Sénèque tendent, d'une
part, à centraliser l’administration entre les mains
de l'empereur ou de ses représentants, d'autre part, à
alléger les charges des contribuables sans diminuer
les revenus de l’État, par l'exercice d’un vigoureux
contrôle sur les agents de perception et par la dis-
tribution d'une justice plus équitable. Par l’organisa-
tion du fisc et de l’ærarium militaire, Auguste avait
nettement manifesté son désir de rendre les finances
monarchiques, je veux dire de les soumettre à la
libre et suprême direction de l’empereur. Avoir entre
les mains l’armée et les finances, c'était vraiment
tout posséder. Mais, si Auguste s'était réservé sans
hésitation la toute-puissance militaire, il n’avait pas
osé de même accaparer tous les revenus publics : à
côté de la caisse du prince, il avait laissé subsister
démocratiquement la caisse du peuple romain. On
sentait bien depuis lors que l'Empire ne serait vrai-
ment doté d’une bonne organisation financière que
le jour où l'administration serait complètement uni-
fiée, on y tendait petit à petit; mais cette évolution
timide ne s’acheva guère qu'avec Dioclétien, trop
tard pour que le monde pût en jouir. Elle avait fait
cependant un progrès décisif au début du règne de
Néron : l'institution à la tète de l’ærarium Saturni
de préfets désignés par le prince et lui rendant des
comptes complétait l'œuvre à laquelle Auguste avait
préludé et n’eût pas été désavouée par lui.
Ce progrès avait été d'autant plus aisé à accomplir
que le public s'intéressait peu aux questions pure-
ment administratives. On avait eu, en exécutant cette
réforme, à ménager l'orgueil et la susceptibilité du