LÉGISLATION, POLICE 305
première garantie décisive accordée à l'esclavage
Contre le despotisme des maîtres.
L'affranchi était mieux protégé que l'esclave.
Homme libre, il avait droit à la tutelle de l'État. Les
affranchis constituaient d’ailleurs une puissance dans
l'Empire : il fallait compter avec ce corps, avec cette
classe nouvelle qui acquérait chaque jour plus
d'extension et plus de force, qui avait déjà pris, au-
dessous des sénateurs et des chevaliers, l'importance
d’un troisième ordre, d’une sorte de tiers-état, dans
là hiérarchie sociale. Les ordres aristocratiques
éprouvaient même le besoin de se préserver contre
le flot montant de ces nouveaux citoyens, qui, de
génération en génération, s’insinuaient dans leurs
langs, menaçant de tout absorber. Depuis qu’on avait
vu des affranchis se partager le pouvoir, confisquer
là volonté du prince, diriger tout au gré de leurs
Caprices el de leurs ambitions, le Sénat était disposé
à les traiter en ennemis publics : les ravaler au niveau
de l'esclavage, les y refouler, si c'était possible, par
les voies légales, les contraindre en tout cas à se
légarder moins comme des demi-ingénus que comme
des demi-esclaves, tel était le dessein passionné qu’on
Nourrissait à leur égard. Mais l'empereur n'avait pas
les mêmes raisons de leur être hostile : il se servait
d'eux, trouvait souvent chez eux des auxiliaires plus
S&vitiam et libidinem et in præbendis ad victum necessariis avari-
lam compescat. Sénèque, De Benef., Il, xx, 3.— Cf. Dig., 1, vr, 2;
1, 1, 4 et8: XIII, vu, 24, 3 ; Justinien, Instit., I, vit, 2 ; Gaïus,
» 93. Si l’ou ne s’en rapportait qu'aux jurisconsultes, cette innovas
lion daterait des Antonins ; on voit, d’après le texte de Sénèque,
ue les Antonins ne firent que reprendre et confirmer une mesure
Éjà ancienne, probablement tombée en désuétude dans l intervalle.
eut-être était-elle antérieure au règne de Néroôn ; mais le texte de
Sénèque est le premier en date qui la mentionne.
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