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332 LE MINISTÈRE DE SÉNÈQUE
d'œil et mise à feu et à sang. La poignée d’hommes
qui s’était retranchée dans le temple de Claude suc-
comba au premier assaut. Une armée de secours
arrivait : elle fut taillée en pièces par les Bretons.
Paulinus, qui venait de subjuguer Mona, accourut.
La gravité du péril lui laissa tout son sang-froid. Il
n’essaya de sauver ni Londinium (Londres), malgré
son importance comme place de commerce, ni
Verulanium (aujourd’hui Saint-Albans), qui avait le
titre de municipe. Faute de forces pour les défendre,
ces deux villes furent sacrifiées. L'ennemi s'y rua :
soixante-dix mille hommes, assure-t-on, périrent au
milieu des tortures; le pillage fut épouvantable.
Mais le général romain avait choisi son champ de
bataille : il y attire les hordes bretonnes, évite de se
laisser envelopper et, par un miracle d’audace, met
en déroute, avec ses dix mille soldats, les deux cent
trente mille barbares de Boudicca. A leur tour, les
Romains firent un carnage atroce : ils tuèrent tant
qu'ils purent, s’acharnèrent sur les fuyards; les
Bretons laissèrent là, suivant certains calculs, près
de quatre-vingt mille cadavres. Boudicca ne survé-
cut pas au désastre ; Tacite dit qu’elle s’empoisonna,
Dion Cassius qu’elle mourut de maladie. Privés de
ce chef indomptable, les Bretons ne désarmèrent
pas ; mais leur résistance s’amollit. Paulinus exerçait
d’ailleurs les plus cruelles représailles, la famine y
joignait ses rigueurs, et les troupes romaines reçu-
rent de Germanie, sur l’ordre de lempereur, un
renfort de deux mille légionnaires, de huit cohortes
auxiliaires et de mille cavaliers *.
‘ Tacite, Ann., XIV, 29-38 ; Agric., 14-46 ; Dion, LXII, 1-12 ; Sué-