CHAPITRE PREMIER
L'ÉMANCIPATION DE NÉRON
LE MEURTRE D'AGRIPPINE
Tandis que ses conseillers gouvernaient l’univers
Pour lui, Néron suivait la pente de ses instincts. L’un
de ses premiers soins, aussitôt monté sur le trône,
avait été d'appeler à lui l’illustre chanteur Terpnus :
chaque soir, après souper, il se faisait donner une
audition, et ces délicieuses séances duraient fort
avant dans la nuit. Petit à petit le prince en vint à
s'exercer lui-même ; il s’appliquait, cithare en main,
à étudier dans les règles, résolu à devenir un vérita-
ble artiste. IL avait, paraît-il, la voix sourde, le
Souffle court, et ne lutta contre ces inconvénients
qu'au prix d’un travail assidu ‘. Une grande part de
Son temps y passait. Chaque jour aussi, il s’amusait
à faire courir des quadriges d'ivoire sur une table ?,
Pour tromper son impatience d'assister à de vrais
Jeux. Divertissements inoffensifs ! Rien ne l’attirait
comme les représentations du cirque : il n’en man-
Quait jamais une. L'annonce d’une course l’eût fait
! Suétone, Nero, 20; cf. Dion, LXI, 20 ; Philostrate, ’AxoÀ.,
IV, 44; Lucien, Népwv, 6-7.
* Suétone, Nero, 22.