352 LA RETRAITE DE SÉNÈQUE
revenir du bout du monde. Il s’en cacha les premiers
temps, puis laissa paraître un goût qui n'avait rien
de honteux. Il aimait les spectacles extraordinaires :
ceux où l'on massacrait des centaines d'animaux, où
se déployait une cavalerie nombreuse, où des batail-
lons entiers marchaient les uns contre les autres.
La plus célèbre des fêtes données au début du règne
fut celle où l’on vit coup sur coup, dans le même
amphithéâtre, un splendide combat naval avec eau
de mer, poissons, monstres marins, puis une vaste
mèlée d'infanterie sur le sol remis à sec ‘. Tout cela
pour le plaisir des yeux, sans cruautés inutiles.
Lorsqu'on inaugura l'énorme amphithéâtre de bois
qu'il fit bâtir en 57 sur le Champ-de-Mars, Néron ne
laissa tuer aucun des gladiateurs, bien qu'il y eût
parmi eux des criminels ?.
Sa liaison avec Othon et Sénécion lui donna des
idées nouvelles, non de cruauté, mais de débauche.
L'introduction d’une concubine à la cour avait été
autorisée par Sénèque : ce n'était pas le plus grave,
et Néron n'étala pas trop ses relations avec Acté.
Mais les festins, les fêtes, les orgies de toute espèce
se succédèrent rapidement ; peu à peu le jeune empe-
reur perdait ses timidités d'enfant’; Othon, qui en !
usait avec lui d’égal à égal, l’initiait à tous les plai-
sirs, lui donnait l'exemple de l’effronterie, du luxe,
de la prodigalité, l’entraînait au delà des bornes.
4 Dion, LXI, 9 ; Suétone, Nero, 12. :
: Suétone, Nero, 12; cf. Tacite, Ann., XIII, 31 ; Pline, Naf. His
XVI, 40 (76) ; Calpurnius. Egl., VIL.
4 Dion, LXI, #.
4 Suétone., Ofho. 2 ; Plutarque, l'él6as, 49 ; cf. Pline, Naf. Hist.,
XIEL 3: (4): :
É