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PREMIÈRE ÉDUCATION ET PREMIÈRES ÉTUDES 27
dans ses grandes lignes, à celui des jeunes Romains
de leur condition. Ils apprirent, par les méthodes
ordinaires, ce que tout le monde apprenait. Quand
l'heure vint de les envoyer à l'école, leur père dut
meltre tout son zèle à bien choisir les maîtres à qui
il les confiait‘. Il ne s’en tint sûrement pas là : car
il élait de la race de ces bons pères, dont Lucius a
tracé quelque part le portrait, qui dressent leurs
enfants à être de bon matin à l'ouvrage, ne tolèrent
pas qu’ils soient inoccupés, mème pendant les jours
de congé, et les slimulent sans trêve, fût-ce au prix
de leurs larmes?. Il dut encore, ainsi que le recom-
mande Plutarque*, suivre de près leur travail, con-
trôler leurs progrès, et assister lui-même aux classes
de temps à autre. Tout ce que Lucius nous révèlesur
cette période de sa vie, c’est qu'il a perdu bien du
temps à l’école du grammaticus *; mais il n'y faut
voir qu'une boutade. La vérité est que, malgré lina-
nité d’une partie de cet enseignement primaire, on
en sortait muni d'un bagage appréciable de grec,
de latin, et de connaissances élémentaires de tout
ordre.
L'un après l’autre, à mesure qu’ils en eurent l’âge,
les fils de Sénèque passèrent chez le rhetor. Tel ou
tel professeur en renom leur inculqua les principes,
Puis les finesses de l’art de « déclamer » ; ils s’exer-
Cèrent tour à tour aux suasoriæ et aux controversiæ
et s’y distinguèrent tous trois. Après l'instruction
! Sur l'importance du choix des maîtres et la manière dont on
procédait, voir Martial, Epigr., V, 56, et Pline le Jeune, Épist., IT, 18.
© De Provid., II, 5.
® [eo Iatduwv dywyc, 13. Cf. Horace, Saë., I, vr, 81.
* Sénèque, Epist., LVIL, 5.