carineas x:
PREMIÈRE ÉDUCATION ET PREMIÈRES ÉTUDES 29
illustres familles, mais que partageaient, il faut le
dire, nombre de Romains de vieille souche. Il ne se
demanda pas si la révolution politique qui venait de
s’accomplir n’entraînait pas d’irrémissibles change-
ments dans le système de la vie publique; si la parole,
sous le nouveau régime, jouirait des mêmes préroga-
tives et de la même autorité que sous l’ancien, si le
Sénat et les magistrats conserveraient vraiment leur
puissance et leur antique dignité. Mais il fut, semble-
t-il, de ceux qui, sans se rallier d’ailleurs au principat,
crurent que les promesses d'Auguste de maintenir
les pouvoirs établis et de respecter toutes les formes de
la liberté civique seraient suivies d’un plein effet. Sa
confiance dans la vitalité des coutumes républicaines
était telle, qu’il s’imagina de bonne foi que l’élo-
quence, malgré son abaissement relatif, demeurerait
à jamais la reine du monde romain et que la poli-
tique, à laquelle conduirait à jamais l'éloquence,
serait toujours la seule carrière convenable à des
citoyens bien nés. Illusion à moitié voulue, dont il
devait se repentir.
Du milieu où ils grandissaient, les jeunes gens
reçurent d’autres leçons. Les événements et les
hommes leur parlaient souvent un langage très diffé-
rent du langage paternel. Petit à petit l'âme romaine
se faconnait à ses nouvelles conditions d'existence :
les idées et les mœurs en étaient modifiées; la vertu et
la raison n’y perdaient pas toujours. Une fois éman-
cipé, chacun d'eux, selon ses qualités propres et
l'âme que lui avait faite ce mélange d’influences
opposées, s’orienta dans une direction distincte.
L’aîné, M. Annæus Novatus, prolongea sa fréquen-
tation dans les écoles, devint un déclamateur hors