438 LA RETRAITE DE SÉNÈQUE
pompe, suivant sa volonté déjà ancienne : il l'avait
formulée dans un codicille qui remontait à l’époque
de sa richesse et de sa puissance ‘. Les gens de bien
étouffèrent comme ils purent leurs regrets et leur
indignation. L’impunité fut accordée à Natalis, pour
prix de ses révélations. Silvanus, gracié de son côté,
se fit justice ?.
La complicité de l'armée finit par ètre découverte :
Néron en frissonna. Les représailles redoublèrent de
violence. Fænius Rufus mourut lâächement. Subrius
Flavus brava en vrai soldat le tyran et l’exécuteur;
tous ceux des centurions qui l'avaient suivi dans la
révolte rivalisèrent de constance avec lui. On
raconta qu'ils avaient secrètement décidé de ne pas
tolérer Pison, de le tuer après avoir tué Néron, et de
donner l'empire à Sénèque, devenu le candidat des
honnêtes gens. On disait même que Sénèque n'avait
pas ignoré ce projet'. Fondé ou non, ce bruit, qui
ne bi pas de ne crédit, montre à quel point
demeurait intacte sa renommée de sage et d'homme
d'État. Loin de nuire à sa célébrité, ses années de dis-
grâce et de retraite lui avaient valu plus de sympathies
que Jamais, et l'idée que ses vertus le désignaient
pour le rang suprème ne paraissait pas extravagante”.
Après sa mort, son nom continua à servir de drapeau. :
Lorsque Néron, prenant la conjuration pour prétexte,
se ful mis à frapper sans raison ni merci, plus d’un
innocent paya cher son attachement au philosophe.
! Tacite, Ann., XV, 64.
F7,
* Tacite, Ann., XV, 66-68: Dion, LXII, 24 : cf. Suétone, Nero, 36.
4 Tacite, Ann., XV, 65.
5 Cf. Juvénal, Sat.; VIII, 241.