LA TYRANNIE SOUS TIBÈRE ET SOUS CAIUS 55
nous ne saurions décider. Les événements au milieu
desquels il atteignit l’âge légal des magistratures
n'étaient pas propres à inviter à l’activité civique.
Il avait environ vingt-quatre ans lorsqu'éclata le
scandaleux procès de Pison. Accusé d’avoir empoi-
sonné Germanicus, ce personnage considérable, pro-
Consul de la province de Syrie, aimait mieux se
donner la mort que d’attendre son jugement (20 ap.
J.-C.). Les dessous de l'affaire étaient mystérieux.
Des bruits étranges couraient sur le rôle qu'y avait
Joué Tibère : Pison n'avait commis son crime que
sur l’ordre secret du prince, et la mort du coupable
n'était peut-être pas un suicide. Rome entière en fut
bouleversée !. Trois ans plus tard, Séjan inaugurail
en empoisonnant le jeune Drusus la série de ses
infamies, et pendant sept années se déroulait l’abo-
minable histoire de ses intrigues, de ses férocités,
de son élévation, de sa chute. Si fortement averti des
‘léalités de la vie publique, notre Stoïcien dut se
trouver très perplexe sur la conduite à tenir. Sa
santé, d'un autre côté, n’était pas assez chétive pour
le détourner entièrement de la carrière politique ;
Mais divers indices feraient croire qu’elle l’arrèta
momentanément *.
Nous retrouvons sa trace à Pompéi* : peut-être
l’yenvoya-t-on prendre du repos et guérir cette toux
Opiniâtre qui l'avait réduit, nous dit-il, à la dernière
! Tacite, Ann., I, 44-146; Suétone, Tib., 52; Cai., 42; Dion, LVIT,
18; Pline, N. H., XI, 37 (11): — A distance, une fois les passions
Calmées, Sénèque semble n'avoir accordé aucun fondement à ces
rumeurs (Ad Marc., XV, 3). Mais cela ne veut nullement dire qu'il
A ail pas, sur le moment, partagé l’émotion générale.
* Voyez ci-dessus, p. 26.
* Sénèque, Epist., LXX, 1.