L'ANARCHIE GOUVERNEMENTALE SOUS CLAUDE sl
Succédait à un neveu beaucoup plus jeune qui avait
tout fait pour le déshonorer. Timide, naïf, sans
Caractère, trop simple pour être. méchant, mais
Capable de cruauté, il semblait l’image vivante de la
faiblesse et de la sottise. Il avait, en réalité, plus de
bon sens sous cette déplaisante enveloppe que ne le
croyait son entourage ; il était capable d'idées géné-
reuses, de vues neuves, quelquefois hardies; mais il
vérsait ordinairement dans le pédantisme et la rêve-
rie. Méthodique jusqu’à la manie dans les choses
auxquelles il s’appliquait, distrait d’ailleurs jusqu’à
l'aberration, c'était en somme un déséquilibré, un
original, plutôt qu'un imbécile‘, Il manquait surtout
de ressort : son esprit et sa volonté vacillaient
Comme son être physique; il passait de l’entêtement
à l’effroi avec une désastreuse facilité. Ce n’était
Pas de cet étrange vieillard que Rome pouvait
attendre le despotisme éclairé auquel aspirent les
Sages.
Il s'imposa en faisant exécuter, le jour même de
Son avènement, Chærea et quelques-uns de ses com-
plices. Après quoi il rendit un édit d’amnistie, por-
tant sur tous les actes commis et sur toutes les paroles
Prononcées durant les troubles. Il affecta même de
combler de faveurs des républicains déclarés. Il
annula toutes les ordonnances de Caius, rappela les
exilés, restilua les biens confisqués, témoigna en
toutes choses là déférence la plus absolue au Sénat,
aux consuls et à tous les magistrats. Sa modestie et
ses manières discrètes eurent bientôt fait de lui,
© Faut-il aller jusqu’à croire, avec Dion Cassius (LIX, 23; LX; 2';
Cf. Suétone, Claud., 38) que la stupidité de Glaude était moitié natu-
relle, moitié voulue et calculée ? ;
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