Full text: 1.1928=Nr. 4 (1928000400)

F 
I 
li 
’ : 
K'M ! 
adore la simplicité. Vous ignorez cjui .Elle est 
et voüs ne vous étonnérez paz si Elle s’inserit 
sous le simple nom de M. Lebrón dans votre re 
gistre. .. Je vous prierai seulement de me don- 
ner une chambre sur le méme palier. 
—Avec plaisir, monsieur... 
Et tandis que le maitre d'hotel aceompagnait 
l’inspecteur, Hugli me ehucbota à l’oreille: 
—Vous avez enteudu?.. C’est formidable!... 
Pour me.s debuts dans la limonade, je tombe sur 
un prince qui vient visiter la foret de Fontai- 
nebleau!... 
—La chance vous favorise, Hugli. J’espére 
bien que nous dínerons à la table voisine de 
celle du prince et que nous lui arracherons 
des confidences amusantes. 
Mais Hugh rayonnait littéralement. II me 
quitta en líate pour recommander à son ehef de 
soigner tout particuliérement le diner et au mai 
tre d 'hotel de servir ce soir-lá ses vins les plus 
capiteux. 
Le repas fut tres curieux. Hugh et moi, 
nous étions assis à la table numéro 4. L’ins- 
peeteur de la Süreté s’était place au fond de 
la salle à manger. Le prince mangeait seul 
á. la table numéro 3. Le maitre d'hotel nous 
servait avec un ceremonial inaccoutumé dans 
les pensions de familie “á prix tres réduits”. 
Comine notre auguste pensionnaire ne sem- 
b'lait pas nous voir, je m’enhardis: 
—Monseigneur, permettez-moi de vous pas- 
ser la poivriére. 
—Merci, monsieur. 
Et ce fut tout. 
Tandis que l’on nous servait des émincés de 
foie gras sur toas aux cbampignons, Hugh, qui 
rongeait son frein depuis un quart d’heure, 
demanda: 
—Est-ce que Votre Altesse Royale connaít 
bien la foret? 
—Tres bien, merci'.' 
Et, ce fut tout. 
Hugh et moi, nous n ’osions pas échanger nos 
impressions, parce que la table numéro 3 
passait prés 
n’est pas bava.rd. 
par les 
hier un 
eve- 
télé- 
me 
etait troj) prés de la table numéro 4. Mais 
nous déplorions vraiment le mutisme du prin 
ce. Au dessert, il se leva et disparut. L’ins- 
pecteur se leva aussi. Comme i 
de nous, Hugh lui dit: 
—Votre personnage 
—Son Altesse est préoccupée 
nements de Sofia... Elle a reçu 
gramme de 3.000 mots qui l’a beaucoup affec 
tee... Vous m’excusez, monsieur? 
Et le policier sortit à son tour. Hugh 
considéra, satisfait: 
—Vous avez enteudu, mon vieux? Nous sa- 
vons déja que e’est un Bulgare. Qui sait? 
Peut-étre est-il venu ici pour échapper aux con- 
jurés qui le menacent dans son pays... En tous 
cas, je suis favorisé par le 'sort qui va nous 
permettre d’observer les faits et gestes de ce 
proserit... Quand je vous disais, Emile, que 
la plus belle profession est celle d’hótelier! 
A dix heures, je gagnai ma chambre. L’aven- 
ture de mon ami Hugh m’intéressait et, comme 
lui, j’aurais donné beaucoup pour connaítre le 
drame intime dont ce prince exilé devait étre 
le héros. 
Le lendemain, je fus réveillé par le maitre 
d'hotel, qui m’apporta mon café avec une mine 
déeonfite. Etonné, je le questionnai. II son- 
pira : 
—Ah! monsieur... Quelle histoire! 
—Quelle histoire? 
—Le prince, monsieur... Le Bulgare et l’ins- 
pecteur de la Süreté... Deux filous qui se 
sont sauvés au petit jour en emportant l’ar- 
genterie de monsieur, sans compter quelques 
bibelots précieux de la vitrine du salón... 
Quelle affaire, mon Dieu! J’en suis encore 
bouleversé! 
J’étais abasourdi. 
: —Mais... Mais, mon ami sait déja? 
—Oui, monsieur. Je lui ai tout raeonté. 
—Oú est-il? Que fait-il? 
—TI est entrain de décrocher l’écriteau sur 
la. grille du pare. 
MAURICE DEKOBRA 
54 
ATHÉNA
	        
© 2007 - | IAI SPK
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